Sur le pouvoir d’achat, comme sur les retraites, les syndicats se tirent une balle dans pied. Une fois de plus.

A l’occasion du 1er mai, les syndicats sont donc sortis de leur silence et sont descendus dans les rues, en livrant à la vindicte populaire les deux grands et faux débats qui ont dominé la classe politique. Ils n’ont présenté aucune solution nouvelle.

Comme le veut la tradition du 1er mai, les grandes centrales syndicales françaises sont donc descendues dans la rue pour manifester leur influence et leurs revendications. Et plus encore que les années précédentes, les syndicats ont administré la preuve de leur impuissance. Leur faiblesse quantitative et leur manque d’imagination. Leur seul pouvoir tient de leur capacité à occuper la rue et souvent, à bloquer les services publics.

Les revendications avancées cette année sont particulièrement affligeantes. Elles reprennent l’essentiel des thèmes qui ont dominé la campagne présidentielle à laquelle, les syndicats n’avaient évidemment pas participé puisque les thèmes avaient été préemptés par les partis populistes d’extrême droite et d’extrême gauche.

Les rassemblements du 1er mai ont donc repris les questions du pouvoir d’achat et des retraites, sans nuance ni proposition.

La question du pouvoir d’achat et des retraites sont des vrais et graves problèmes auxquels les syndicats comme les partis politiques d’opposition apportent de fausses solutions.

Le pouvoir d’achat est un peu comme le cancer qui risque de miner le corps de la société française. Lahausse moyenne des prix à la consommation dépasse désormais les 4,8% en rythme annuel et cette cadence risque fort de s’aggraver.

Si la réponse des syndicats se résume à des revendications d’augmentation de salaires et ou de baisse de TVA, ils font évidemment fausse route. D’abord, parce l’Etat n’a pas les moyens de décréter la hausse des salaires qui ne dépend que de la bonne santé des entreprises, mais par ailleurs, l’Etat peut difficilement se priver des recettes de TVA, sauf à prendre le risque d’appauvrir la fonction publique et notamment les fonctionnaires pour lesquels les syndicats se battent.

Cette inflation, dont le rythme est historique c’est vrai, est une inflation sectorielle et importée. Elle concerne principalement les carburants, les matières premières agricoles et par contagion, elle risque de toucher toutes les fonctions de production, y compris les fournitures industrielles. Cette inflation-là est la conséquence directe de la guerre en Ukraine. Et qu’on le veuille ou non, cette inflation est la contribution nette et forte des populations européennes à l’effort des sanctions contre la guerre, donc la défense de nos valeurs de liberté qui sont menacées. Qui le dit dans les cortèges, quels syndicats, quels leaders ? personne !!! C’est beaucoup plus facile de fustiger le fonctionnement du capitalisme moderne et la mondialisation.

La question des retraites et ce débat récurrent sur l’âge légal de départ à la retraite posent un problème d’idéologie et de principe d’organisation.  Si le gouvernement, et pas seulement celui-ci, essaie d’obtenir un recul de l’âge légal à la retraite, c’est tout simplement pour pouvoir sauver le système de fonctionnement par répartition sans être obligé de baisser le montant des pensions et d’augmenter les cotisations.

Notre système de retraite est un système d’assurance et de solidarité. Le travail des actifs permet de payer la retraite des inactifs. Si le nombre des actifs diminue, si celui les inactifs s’accroit, les caisses de retraite se retrouvent en difficulté. La seule solution est évidemment de travailler plus ou plus longtemps. La norme européenne est autour de 65 ans actuellement. La France est un des pays en Europe où on travaille le moins (en nombre d’actifs) et le moins longtemps. Il faudra donc qu’on le veuille ou non, allonger la durée de travail. Ce qui n’empêche pas les gouvernements d’accorder des aménagements selon la nature du travail et la pénibilité. Mais le principe de l’allongement n’est pas envisageable sauf à imaginer un changement de système.

Il est évident que la seule solution alternative serait de passer à des systèmes de capitalisation. Des systèmes où chaque individu finance sa propre retraite par son épargne personnelle. Les sociétés d’assurance savent très bien faire fonctionner ce genre de mécanique d’assurance épargne.
Que les syndicats et l’opposition politique défendent la retraite à 60 ans, libre à eux mais l’honnêteté devrait les obliger à expliquer qu'en défendant la retraite telle qu‘elle fonctionne actuellement, ils ouvrent la porte aux systèmes complémentaires par capitalisation. Lesquels ne profiteront qu’aux plus riches.

Triste journée que cette journée du 1er mai. Parce qu’en se battant contre l’inflation, les syndicats refusent d’expliquer que la hausse des prix n’est rien d’autre que la contribution à la guerre et à l’aide aux Ukrainiens.

En se battant contre la réforme des retraites, ils ouvrent grand la porte au système de retraite privée par capitalisation qui ne peut que profiter aux plus riches.