Zone Euro : le championnat de l’hypocrisie

L’édito de Jean-Marc Sylvestre. La crise de la dette fait vaciller la zone euro. Que peuvent-faire les gouvernements pour éviter la faillite de tous ces pays y compris la France ? Pas grand-chose tant que l’Allemagne ne changera pas ses positions.

Depuis hier, il y a des réunions non-stop à Bruxelles. Barroso va présenter le projet d’Eurobond dont on sait déjà qu’il ne marchera pas. De son côté, la France va à nouveau demander que l’on ouvre le guichet de la BCE et l’Allemagne va s’y opposer. Le but de ces réunions, trouver des solutions parce que l’on sait désormais que le FESF ne sera pas opérationnel. Le problème est parfaitement identifié. Aucun des pays de la zone Euro, en dehors de l’Allemagne, n’est aujourd’hui capable de trouver de quoi financer ses dettes à un prix raisonnable. Plus de 3% de taux d’intérêt dans des économies qui font 1% de croissance ça ne marche pas.

Face à cette situation, la solution est évidemment de guérir le mal en profondeur : réduire les sources d’endettement. Mais si on le fait trop rapidement on tue le malade, il faut donc administrer des antidouleurs, c’est-à-dire des liquidités. Dans tous les pays du monde, le seul moyen d’administrer des antidouleurs c’est que la banque centrale rachète de la dette en payant avec de la monnaie : Elle créé de l’argent.

Tous les pays sauf…l’Europe.

En Europe, la BCE n’a pas le droit de le faire parce que l’Allemagne s’y est toujours opposé par peur de l’inflation. L’Allemagne n’a jamais eu confiance dans la capacité de certains membres à bien se tenir. L’histoire lui a donné raison. Le problème aujourd’hui c’est que le système est bloqué. Pour permette à la BCE de créer de la monnaie, l’Allemagne met deux conditions. D’une part, changer le traité. Ca va mettre deux ans…donc on sera tous mort avant. D’autre part, l’Allemagne exige que les budgets nationaux soient quasiment sous tutelle. Politiquement ça ne passe pas.

On est donc vraiment bloqué. Pour éviter l’asphyxie, la BCE rachète des dettes depuis le début de la crise, sans le dire. La semaine dernière elle en aurait racheté pour 8 milliards d’euros. Officiellement, personne ne le sait, c’est un secret de polichinelle. Mais les allemands eux-mêmes  ne sont pas dupes.

On distribue une drogue interdite, mais c’est le seul moyen de supporter la situation en attendant que les économies se redressent. La zone Euro, c’est le championnat de l’hypocrisie. Vous avez ceux qui ont volé l’argent de l’Europe et qui maquillent  leurs comptes et qui voudraient passer pour des victimes. Vous avez ceux qui vous jurent qu’ils vont rembourser leurs dettes mais qui ont besoin d’argent pour payer le gaz. Vous avez aussi les pères « la rigueur » qui interdisent  la consommation de drogue, mais qui ferment les yeux sur les trafics parce qu’’ils en vivent. Cette Europe-là, peut survivre mais elle ne va pas durer.

Lire aussi :

« Pour stabiliser la zone euro, la BCE doit intervenir » Décryptage de Fabrice Cousté, CMC Markets.

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